Au milieu des années 2000, le public amateur d'electro découvrait ce quatuor de turnatablists. Prodigieux technicien des platines, épris de mélodies et de rythmes dansants, pour ne pas dire « dansables », il avait su dépasser le cadre de la démonstration pour créer des hymnes aux dancefloors. Aujourd'hui réduit à un trio, Birdy Nam Nam évolue un peu plus vers la musique de club, laissant en partie derrière lui l'héritage du hip-hop. Il adopte un mot d'ordre : danser ou mourir. Faut-il choisir ou faut-il y voir la marque d'un humour particulièrement noir ? La réponse tient dans ces quatorze titres, mijotés par un seul producteur ; Lil Mike endosse la responsabilité de réaliser un ensemble cohérent malgré les doutes et l'exigence personnelle qui semblent le hanter depuis toujours. Dance or Die commence avec le titre « Won't Do It », brûlot de dubstep efficace qui s'enchaîne parfaitement avec « Hammerhead », qui est lui un rap étrange sur fond de synthétiseurs vrillés, évoquant la frénésie de Die Antwoord. La thématique de la danse, implacable, s'illustre ensuite sur « No J No P» et « Can't Do Me», des titres de disco-funk phénoménaux. Gonflés de lignes de basse Moog, ils abordent l'esthétique new beat belge des années 1990 avec une certaine malice. Toujours aussi énergique et séduisant, « Lazers from My Hearts » revisite l'esprit des productions d'Arthur Baker, quand ce dernier régnait sur la dance new-yorkaise en soufflant des braises funk sur les paysages glacés de Kraftwerk, Cabaret Voltaire ou New Order. Dance or Die déroule ainsi tout son savoir-faire, oscillant entre sonorités sombres et sucreries sautillantes, vocoder et talk box à la Zapp & Roger (« All Night Long » et « Don't Look Back in Anger »), à rendre jaloux Daft Punk Extrêmement accrocheur, varié et sans temps morts, ce nouvel album est une réussite. Un sample en français sur le titre « URAO » résume avec justesse le résultat des compositions du trio : « Quand tu écoutes ce genre de son, tu as envie de danser n'importe comment »