165 Documentaire (s) Fonds (s) Lorrain (s)

En septembre 1939, les frontières de l'est de la France sont désertées par leur population suite aux opérations d'évacuation vers le sud-ouest et le nord du pays. Plus de témoins et point de photos pour fixer l'événement. Les civils, absents, ne savent pas ce qui s'y passe, ne découvrant pour la plupart les dégâts de la guerre qu'à leur retour pendant l'été 1940. Mais, en même temps, ces territoires sont livrés à la troupe et voient défiler une grande partie des hommes mobilisés pour se positionner face à l'ennemi. Les témoins sont donc les soldats, souvent de passage, dont les récits rassemblés par le centre de documentation d'Ascomémo à Hagondange alimentent cet ouvrage. Cette guerre qualifiée de « drôle » par Roland Dorgelès ne le fut pas. Pendant cette période d'attente, les pertes militaires françaises hors marine s'élèvent à 10 410 morts majoritairement dues aux maladies et, dans une moindre mesure, aux accidents. Du côté allemand, d'octobre 1939 à avril 1940, on compte 8 900 tués et 500 disparus. Le double témoignage, écrit et photographique, livré ici à l'occasion du quatre-vingtième anniversaire de ladite « Drôle de guerre », permet, les auteurs l'espèrent, de poser un autre regard sur cet épisode douloureux de notre histoire appuyé sur une iconographie riche de plus de 700 clichés. Philippe Wilmouth, président-fondateur de l'Association pour la Conservation de la Mémoire de la Moselle en 1939-1945 (Ascomémo), est responsable du musée-centre de documentation de la Moselle en 1939-1945 à Hagondange. Docteur en Histoire, membre du Cruhl et de la Shal, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire contemporaine de la Moselle. Philippe Keuer, membre de l'Ascomémo et des Amis du Pays d'Albe, est un spécialiste de la « ligne Maginot aquatique ». Il est notamment le co-auteur de La bataille du 14 juin 1940 dans la Trouée de la Sarre.

Ce sont des petites gens de la Moselle rurale et villageoise qui sortent, anonymes, des photos de groupes et viennent s’asseoir à notre foyer pour nous conter leur parcours. C’est une histoire partagée contre la solitude et l’oubli. Le partage se fait entre évacués et non évacués, entre « Expulsés » et « Restés », entre Mosellans et Français ainsi que tout autre lecteur. Les Mosellans étaient tous des exilés. Exil lors de la première annexion, de 1871 à 1918àExil dans l’évacuation en 1939 et dans la défaite en 1940à Exil en France des francophones expulsésà Exil dans le III°Reich des autres Mosellans, car soumis aux lois du vainqueurà Exil des « P.R.O. » déportés en Silésie ou en Tchécoslovaquieà Exilés dans les combats de la libération, ils sont jetés sur les routes, entre le marteau allié et l’enclume allemande. Beaucoup y trouvèrent la mort. La contre-attaque « Nordwind û Vent du nord » de la Saint Sylvestre 1944 allait prolonger le malheur dans Le Pays de Bitche.

Si l'on voulait établir un classement thématique des légendes mosellanes, on aurait la surprise de constater que ce ne sont pas celles concernant les fées, pourtant nombreuses, ni mêmes celles relatives aux chapelles et aux châteaux, qui occuperaient la première place, mais bien celles évoquant lesà points d'eau. Lacs, mares, étangs, fontaines, sourcesà reviennent sans cesse tout en se ressemblant beaucoup. Des bords de la Moselle à ceux de la Seille et de la Sarre, sillonnant la plupart des localités du département, l'auteur a recueilli les témoignages de ses habitants consacrés aux légendes traditionnelles et les a mis en forme, en prenant soin d'en respecter au mieux l'esprit conservé par une très vivace mémoire collective.
En parcourant la table des matières, le lecteur se rendra compte de l'ampleur de la collecte accomplie, qui recouvre l'ensemble de la Moselle, de Thionville et Kœnigsmacker jusqu'à Abreschviller et Dabo d'une part, et de Metz et Novéant jusqu'à Bitche et Sturzelbronn, d'autre part ; aux points extrêmes d'un circuit qui constitue une invite à redécouvrir et visiter une cinquantaine de lieux légendaires.

La Moselle, elle en sait des histoires secrètes et lointaines, humbles, pittoresques et cocasses à la fois. Elle parle, elle chante le français, le platt, et regarde les gens passer entre ses bras tendus. Pas un saule, un étang, une mardelle qui ne sachent, les contes tissés sur son giron. Pas un coin de campagne qui ignore la vie intime et secrète, les agissements de ces extravagants personnages surgis des eaux, des ombres et de la nuit pour visiter nos rêves. La Moselle n'a pas son pareil pour faire surgir de ses pierres, de ses forêts et de ses mares une armada de revenants, de diables cornus et de dames blanches. Du Pays messin à ceux de Nied, d'Albe, de Bitche, de Sarrebourg, du Saulnois ou des Trois Frontières, chaque contrée revendique ses personnages fétiches et ses racontars fantastiques. À tel point que, dans ce département, on ne s'étonne plus de rien. Même pas de voir des arbres pousser en une nuit ou des collecteurs d'impôts enfermés comme des mauvais génies dans des bouteilles. En Moselle, les Rommelbootzen - les fameuses betteraves grimaçantes - concurrencent à l'automne les citrouilles et les moines fabriquent de drôles de tisanes au goût de houblon.

Une trentaine de recettes de spécialités régionales, de l'entrée au dessert, proposées par deux restaurateurs tenant une ferme-auberge en Meurthe-et-Moselle : quiche, carpe au vin rouge, pintade flambée à la mirabelle, pain de chou-fleur, bavarois à la mirabelle, entre autres. ­Electre 2021